Les descendants de Mathurin et Marie

C'est sur la terre acquise vers 1691 que Mathurin implante définitivement sa famille à Rivière-Ouelle. Mathurin et Marie ont eu huit enfants, dont six sont nés à l'île d'Orléans : Mathurin, Marie-Madeleine, Louis, Pierre, Charles et Laurent. Après l'installation de la famille à Rivière-Ouelle, Marie lui donne deux autres enfants, Marie-Anne, en 1691, et Jean-Bernard, en 1694, décédés tous deux en bas âge.

La génération suivante

Des huit enfants de Mathurin et Marie, quatre fils et une fille se marient à Rivière-Ouelle. L'aîné, Mathurin, épouse Marie-Anne Miville/Deschênes le 13 mai 1691 et leur union donnera 13 enfants. Devenu veuf en 1717, Mathurin épousera Marie Catherine Dunn en 1724, union restée sans descendance. Mathurin sera propriétaire de terres ou fermier à bail à Rivière-Ouelle, Kamouraska, La Pocatière, puis à Saint-Roch-des-Aulnaies. Marie-Madeleine se mariera trois fois; son premier époux, Charles Bouchard se noya trois semaines après leur mariage; elle épousera ensuite Jean Miville/Deschênes, cousin de l'épouse de son frère Mathurin; de leur union naîtront 11 enfants; devenue veuve une deuxième fois, elle épousera Grégoire Ouellet qui lui donnera un fils en plus de lui apporter les 16 enfants issus d'un mariage précédent. Elle se trouva bientôt veuve ayant à sa charge 28 enfants. Elle vécut surtout à La Pocatière et à Rivière-Ouelle. Louis épousa d'abord Marie-Angélique Boucher le 28 janvier 1697; de leur union naîtront 12 enfants. Devenu veuf en 1717, il épousera ensuite Marguerite Lebel, le 9 janvier 1719, qui lui donnera 9 enfants. Il sera propriétaire de terres à Rivière-Ouelle en plus d'exploiter une pêche à marsouins, en compagnie d'associés dont son beau-frère Jean Miville/Deschênes et sa sœur Marie-Madeleine, après la mort de ce dernier. Pierre épouse le 7 janvier 1704 Marie-Thérèse Boucher; de leur union naîtront 9 enfants; Pierre possèdera des terres à Rivière-Ouelle, puis à Saint-Roch-des-Aulnaies, avant d'acquérir une terre dans la seigneurie de Lauzon en 1723 et d'aller s'établir dans la région de Montréal en 1728, où il décédera le 6 février 1755. Enfin, Laurent épouse le 7 janvier 1706 Geneviève Boucher, troisième sœur à convoler avec un des frères Dubé. Ils auront 11 enfants. Laurent mettra en valeur sa terre à Saint-Roch-des-Aulnaies et y fera partie d'une société pour la pêche aux marsouins. La famille Dubé ne fait pas exception au haut taux de naissance des familles québécoises de l'époque. Mathurin et Marie eurent 66 petits-enfants, dont 54 portant le nom de Dubé. Si l'on avait pu laisser entrevoir à Mathurin et Marie la colossale descendance qui rendrait impérissable leur souvenir en Amérique, ils en auraient probablement été bouleversés.

Des Dubé à travers le Québec

Si on retrouve les descendants de Pierre établis depuis longtemps dans la région de Montréal, peu nombreux même de nos jours, les descendants des autres enfants de Mathurin et Marie se multiplient rapidement sur plusieurs générations, dans la région qui s'étend de Québec à Kamouraska, sur la rive sud du Saint-Laurent. Il est bien connu et facilement vérifiable que la rive sud du Saint-Laurent, dans une vaste zone de 350 kilomètres de longueur s'étendant de Montmagny à Matane, constitue le bastion de la famille. Dans certains villages de cette vaste région, ils constituent parfois la minorité la plus visible. Rivière-du-Loup est devenu une sorte de chef-lieu des Dubé. Pénétrant à l'intérieur des terres, ils ont abondamment peuplé la vallée du Témiscouata à partir du début du XIXe siècle et se sont engagés vers la même époque le long de la Matapédia. Les mariages de ces régions avaient déjà été recensés en bonne partie dans le premier répertoire publié par Julien Dubé au nom de l'Association des Dubé. Les recherches de l'équipe actuelle de généalogie, en vue de la publication du répertoire sur Les Descendants de Mathurin Dubé et Marie Campion, ont cependant révélé des phénomènes quasi insoupçonnés. Nous avons constaté que la Mauricie avait aussi son important contingent de Dubé et que les pionniers de la famille s'y établissent dès la fin du XVIIIe siècle. Un Dubé de cette région a épousé une Atikamekw du Haut-St-Maurice et une importante descendance subsiste encore dans cette communauté amérindienne. Un peu plus tard, un autre Dubé de la Mauricie sera considéré comme un pionnier au Témiscamingue. Une seule famille, arrivée à Québec vers 1820, a fourni une descendance comportant des centaines de mariages dans cette région. Au même moment, un Dubé s'installe dans le secteur du Rocher-Percé. Ce rameau sera extrêmement vivace, notamment à Grande-Rivière, et ses descendants vont s'éparpiller partout au Québec par la suite. Au XIXe siècle, quelques Dubé de la Côte-du-Sud sont passés au Saguenay et plus tard au Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord y laissant une abondante progéniture. Vers 1850, une cellule majeure s'implante autour de Sherbrooke et près de la frontière américaine du New Hampshire. Sensiblement à la même époque, on sent leur présence le long des deux rives de la rivière Outaouais. Au XXe siècle, les Dubé provenant de tous les horizons s'inscrivent dans le mouvement de colonisation en Abitibi. Naturellement moins visibles à Montréal à cause de la masse de la population, les mariages de cette région représentent tout de même un fort pourcentage de notre répertoire.

Des Dubé à l'extérieur du Québec

À l'extérieur du Québec, la région qui en constitue une sorte d'extension est celle du Madawaska au Nouveau-Brunswick où les Dubé exercent depuis la fin du XVIIIe siècle une influence significative. De là, il était facile de gagner l'autre côté de la rivière Saint-Jean et le hasard des changements de frontières en a fait des habitants du Maine. Ceux-ci formèrent donc le premier groupe imposant de Dubé américains. À l'ouest du Québec, comme cela était prévisible, nous avons retrouvé de nombreux Dubé en Ontario et dans la région francophone du Manitoba ainsi que dans d'autres communautés plus à l'Ouest. Vers les États-Unis, nous retrouvons des cellules très anciennes dans les territoires explorés naguère par les Français : région de Détroit et la vallée du Mississipi. Vers 1860, quelques familles Dubé ont accompagné Charles Chiniquy en Illinois, puis elles se sont établies dans l'ouest américain. Bien plus impressionnante toutefois est la migration de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, période au cours de laquelle des villages entiers du Bas-St-Laurent, incluant leurs Dubé, semblent se donner rendez-vous en Nouvelle-Angleterre.

Une croissance exponentielle

Le résultat de cette croissance exponentielle est que nous estimons entre 15 000 et 20 000 le nombre de Dubé - ce patronyme étant écrit de plusieurs manières différentes - descendants de Mathurin et Marie en Amérique. Au Québec, selon les estimés faits par le journal Le Soleil de Québec pour sa série d'articles sur les familles souches, les Dubé se situeraient environ au 20e rang parmi les noms de familles issus de l'immigration française. Ceci est particulièrement impressionnant du fait qu'un seul couple en constitue les racines. Et nos cousins de France ? Il y a encore des Dubé en la mère patrie. Nous avons renoué récemment de façon directe avec nos cousins de là-bas. Il y a quelques traces de la famille en Vendée, terre d'origine de Mathurin. Il faut bien avouer toutefois que leur nombre est très limité par rapport à la descendance outre-mer du «petit gars de La Chapelle-Thémer».